Hommage aux reines du royaume de l’intérieur.
Dès les prémices du maronage à la Réunion, l’intérieur de l’île se révèle comme un véritable royaume, protégé par ses remparts vertigineux, et ses profondes ravines, accessible aux seuls initiés que sont les marons. Ces derniers s’établissent au fond de ces cirques, sur des plateaux perchés permettant la fuite en cas d’attaque, recréant une société en marge de la colonie en perpétuant leurs modèles ancestraux (1). On parle du Royaume de l’intérieur par opposition au pouvoir officiel du littoral.
Leurs noms flottent pourtant sur les sommets de l’île : Héva, Raharianne, Sarlave, et d’autres.
A l’occasion de la fête de toutes les mamans, nous rendons hommage à deux figures féminines connues et qui font partie de l’histoire de la Réunion, à l’époque du maronage.
Les marrons ont bien souvent, à tort, été décrits dans le discours colonial comme des individus perpétuellement en fuite dans les endroits les plus retirés et encore inexplorés de l’île. L’histoire montre qu’ils s’enracinent dans l’île, créent de véritables réseaux et s’ancrent dans le territoire. Ils organisent les camps et assurent leur protection contre les attaques des détachements.
Les femmes ont joué un rôle essentiel en participant à la vie sur les camps mais également dans la transmission des traditions et des savoirs. Elles ont aussi été des passeuses de mémoires, de croyances, de rites et de pratiques culturelles et religieuses. Héva, femme du chef maron Enchaing, qui donnera son nom au célèbre Piton situé dans le cirque de Salazie, est un couple légendaire qui a vécu pacifiquement et en autarcie. L’histoire raconte qu’ils auraient huit filles ayant toujours vécu libres. Ces huit filles se seraient ensuite mariées à de grands chefs marons, étant ainsi à l’origine de la dynastie des grands chefs marons dans l’île. Héva s’occupe de l’aménagement de l’ajoupa, habitation composée de bois et de paille, et de faire cuire la nourriture qu’Enchaing ramène des alentours.
Certaines femmes, telles que Raharianna, compagne de l’insaisissable Cimendef, étaient des combattantes de la liberté. Raharianna se battait aux côtés de Cimendef pour se défendre lors d’affrontements contre les détachements de chasseurs de marons.
De manière générale et sans pouvoir toutes les citer, les femmes marones ont hautement contribué au métissage de l’île et à la découverte des cirques. (2)
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Notes et références :
(1)http://maronages.re/maronages/3-approche-historique/3-6-le-royaume-de-linterieur/
(2)https://www.portail-esclavage-reunion.fr/documentaires/l-esclavage/resistances-a-l-esclavage/la-femme-dans-le-marronnage-a-la-reunion/
