Un Eden volcanique inhabité.
L’île est connue par les navigateurs depuis le Moyen-Âge, notamment par les explorateurs arabo-musulmans, l’île figure pour la première fois sur une carte datée de 1518. Bourbon fait partie de ces rares espaces du Monde qui, lors de leur découverte, n’ont encore jamais été habités. Cette absence de présence humaine s’explique par le fait que l’île se situe dans la partie longtemps restée inconnue de l’océan Indien, à près de 800 km à l’est des côtes de Madagascar.
Le trajet entre Fort Dauphin et Bourbon, face au vent dominant est, avec les moyens et les connaissances de l’époque, très délicat et demande du temps. Cet itinéraire n’est donc pas privilégié. Ainsi, cette île demeure ignorée et déserte pendant les périodes les plus anciennes et les plus longues de l’histoire (1).
Il faut attendre le début du XVIIe siècle pour avoir les premiers récits d’escales sur l’île qui décrivent un lieu paradisiaque. Le commandant du navire anglais « The Pearl », Samuel Castleton, baptise l’île : « England’s Forest » et conclut : « À mon avis, c’est un endroit pour se ravitailler aussi favorable qu’on peut le souhaiter, d’autant plus que l’île est inhabitée ».
Il décrit une île vierge avec des cours d’eau, des animaux, tels que des tortues, tourterelles, perroquets, ibis de La Réunion, anguilles, canards, oies, tous extrêmement faciles à tuer.
Les mutins de Fort Dauphin, où le début de l’occupation française.
L’histoire de l’île Bourbon est indissociable de celle de Madagascar, et celle de la Compagnie des Indes (2).
La raison de l’arrivée des premiers mutins sur l’île Bourbon, qui seront ses premiers habitants, est la conséquence du contexte politique à Madagascar, et particulièrement à Fort Dauphin.
Jacques Pronis fût un administrateur colonial français, qui fonda le comptoir de Fort-Dauphin en 1643.
En juillet 1646, Pronis éloigne de Fort Dauphin, 12 mutins qui lui sont particulièrement hostiles et les exile sur l’île Bourbon. Sans nouvelles des exilés jusqu’en 1649, Étienne de Flacourt, qui est alors le chef de colonie à Madagascar, prend la décision inattendue d’aller les récupérer, afin d’embarrasser Pronis avec lequel il est en désaccord.
Personne à Fort-Dauphin ne se fait d’illusions, car tous pensent bien que la barque reviendrait à vide. « Il paraissait improbable que des hommes, abandonnés sans secours et sans ressources sur une île déserte, eussent pu résister. »
Aussi qu’elle n’est la surprise de la Colonie lorsque le 7 septembre, la barque apparaît sous les murs de la Citadelle. On en voit débarquer, frais et dispos, au grand complet, le petit groupe d’exilés qui vient de passer trente-six mois en pleine nature.
Flacourt interroge les rescapés. Ils disent « le plus grand bien » de la petite île voisine, évoquant toutes les ressources aisément trouvées sans le moindre effort.
« Ils décrivirent les fraîches rivières où ils s’étaient baignés, les plages immenses qu’ils avaient parcourues, les magnifiques forêts qu’ils avaient visitées, les fruits délicieux qu’ils avaient cueillis…»
Ils racontent qu’après avoir longuement cherché l’endroit le plus propice où établir leurs habitations, ils l’ont choisi sur les bords d’un petit cours d’eau qu’ils baptisent de « rivière Saint-Jean ». Ils ajoutent, avec quelque regret « que s’ils n’avaient pas réussi à peupler cette île si naturellement hospitalière… c’est parce qu’ils n’avaient pas été autorisés à y emmener des compagnes… »
En 1654, Antoine Thaureau dit Couillard le Chevelu, qui est un colon français et un opposant au gouverneur en place, tenta d’assassiner Flacourt avec l’aide de certains malgaches. Une mutinerie manquée qui se soldera par son arrestation et son exil à Bourbon avec sept de ses complices, et six autres femmes malgaches. « Pour la deuxième fois en moins de dix ans, l’île Bourbon devient colonie pénitentiaire. » (3)
Les exilés mènent dans l’île une existence qui n’est guère différente de celle menée par les mutins qui les ont précédés, leur vie est calme et sans histoire jusqu’en 1658. Cette même année, passe le navire anglais du capital Gosselin, trafiquants d’hommes et flibustier, en route pour les Indes, qui les embarque comme soldats.
L’occupation définitive de l’île Bourbon.
Ces deux occupations provisoires prouvent, sans équivoque, que la vie est possible sur l’île et que le peuplement définitif de l’île peut commencer.
En novembre 1663, Louis Payen, vivant à Madagascar, accompagnés de dix Malgaches, dont trois jeunes filles, sont conduits de Fort-Dauphin à l’île Bourbon pour s’y installer.
En 1665, l’île Bourbon devient officiellement, sous la direction de la Compagnie des Indes orientales, colonie de peuplement.
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Notes et références :
(1) – Le temps des pionniers : 1663-1715. La première vague d’immigration à l’île Bourbon : une histoire souvent mythifiée, parfois mystifiée Jean-Pierre Coevoet, Jean-Marie Desport, Université de la Réunion.
(2) – Première des compagnies européennes fondées au XVIIe siècle pour conquérir « les Indes » et dominer les flux commerciaux avec l’Asie.
(3) – 2013-07-26 L’île Bourbon, terre d’exil des mutins et rebelles – Agir avec Madagascar (over-blog.com)